« Précarité » ?

« Précarité énergétique », « précarisation des femmes en milieu rural », précarité de la fonction publique, ou encore « génération précaire » : la précarité peut renvoyer tout autant aux conditions de vie qu’aux conditions de travail et d’emploi, et concerner des objets de recherche, des secteurs d’activités, des groupes sociaux, des âges différents. Elle est aussi souvent associée à l’idée de pauvreté, tel que l’exprime une affiche d’Emmaüs. La précarité-pauvreté, désignant un « processus d’appauvrissement des populations salariées », est l’une des trois acceptions dégagées par Patrick Cingolani. Elle se développe dans les années 1980, avec l’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi, de travailleurs pauvres ou morts de froid lors des périodes d’hiver. Cette acception reste floue, mais permet de porter le regard sur la précarité de l’emploi et sur la vulnérabilité sociale des individus. Nous verrons qu’elle s’applique, de manière globale, aux saisonniers agricoles, dont le niveau de vie est proche de la pauvreté. Elle peut concerner certains artistes du spectacle, en cas de rupture de droits sociaux. Une deuxième acception prend une forme et un sens opposé : le précaire, « en personnalisant un type de comportement, un type de salarié, justement atypique, […] nous fait rentrer dans une nouvelle configuration de sens ». Elle donne à voir l’ambivalence de la précarité et le potentiel alternatif des pratiques précaires, rétifs au salariat, au travail à temps plein et à la société de consommation.